Exposition
Du 22 mai au 21 juin 2025
MICHEL POTAGE

58 rue Chapon, 75003 Paris
Ouvert du Mercredi à Samedi de 14h à 19h
Tel. 06 60 22 25 02
Exposition
Du 22 mai au 21 juin 2025
Le théâtre se joue dans un atelier situé dans l’arrière-cour d’une maison, vaste pièce rénovée et transformée en lieu de vie où, sans un mur, se trouvent une cuisine, un salon et des tables pour manger. C’est aussi une anecdote. Elle met en scène deux peintres, les propriétaires du lieu et quelques invités rescapés cette nuit-là d’un vernissage parisien. Nul ne peut dire aujourd’hui d’où est venue l’idée du numéro de duettiste que les deux peintres ont exécuté, mais il a fallu installer sur le parquet de grandes feuilles de papier dessin, deux pots d’encre noire et les calames que Michel taille dans des roseaux et qu’il entreposait dans un coin de la pièce. L’histoire débute comme une joute amicale, tout au moins dans l’esprit des spectateurs dont le plaisir s’imagine aisément.
La difficulté de l'œuvre réalisée en public réside dans l’oubli que le peintre doit avoir de ce public ; s’il se sait regardé, il joue la comédie, feint la passion ou, plus simplement, fabrique ce qu’il sait faire. Le premier peintre a fabriqué, honnêtement, intimidé peut-être par la présence d’étrangers, discutant avec eux, ne les oubliant jamais - un acteur, donc, mais tout ceci (le lieu, le public, la rivalité fictive) n’était-il pas du théâtre ? Pour le second, Michel, le calame s’est transformé en baguette magique ; à peine l’a-t-il touché qu’il s’est transporté ailleurs, là où l’atelier transformé, le public admiratif, et même l’autre peintre, avaient disparu. Il a dessiné ; il a dansé, il a dessiné en dansant ou dansé en dessinant, je ne sais pas - j’ai pensé au rite des chamans tibétains chassant les démons à grands coups de phurba. Le public, rejoint par le premier peintre, l’observait, conscient d’assister à un évènement exceptionnel, une sorte de transe médiumnique contemporaine. Puis Michel s’est arrêté, dépossédé par le dessin, à nouveau calme. Il a ramassé la dizaine de feuilles et les a offertes. A leur place, sous ses pieds, une grande tache d’encre noire recouvrait le parquet.
Michel n’est donc pas un peintre, du moins au sens où on l’entend habituellement : un homme de métier - et l’anecdote ne dit rien d’autre. C’est un chaman. Longtemps avant cette transe, en 1982, il avait dormi dans une tente installée sur du sable dans la galerie où il exposait les souvenirs sensibles de son voyage chez les Aborigènes d’Australie. Là non plus il ne jouait pas, il était un Aborigène, il rêvait...
lire la suite du texte d’Olivier Cena dans le catalogue édité à l’occasion de l’exposition